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Optimisation du pâturage estival dans les élevages laitiers AOP (GIEE)

Optimisation du pâturage estival dans les élevages laitiers AOP (GIEE)

Références, expériences et solutions collectives destinés à promouvoir les avantages des prairies multi-espèces auprès des éleveurs de la filière.

Présentée au Forum 2017

PRÉSENTATION DE LA SOLUTION

L’Union des Organisations de Producteurs de lait pour les AOP Camembert de Normandie, Pont-l’Evêque et Livarot regroupe les 533 exploitations habilitées à produire du lait pour ces appellations. Cette structure a pour mission d’animer les 5 Organisations de Producteurs qu’elle regroupe, de leur permettre de se concerter et d’échanger sur les problématiques communes à la filière, à la mise en œuvre du cahier des charges AOP et la valorisation du lait.


Les cahiers des charges de ces 3 appellations ont des règles communes concernant la production fourragère et l’autonomie alimentaire des exploitations. Elles doivent ainsi justifier sur leur assolement d’au minimum 2ha d’herbe pour 1ha de maïs fourrager, 0.33 ha d’herbe par vache laitière traite dont 0.25 ha pâturables, et de 6 mois minimum de pâturage par an. En 2012, dans le cadre d’un chantier stratégique mené par la filière, l’autonomie alimentaire et la valorisation accrue de l’herbe ont été définis en tant que priorités d’accompagnement technique des éleveurs. Ainsi, en 2012 et 2013, 36 exploitations ont bénéficié d’un diagnostic alimentaire via le réseau InPACT Basse-Normandie.
Les exploitations engagées avaient l’objectif de réduire leur coût alimentaire et leur impact environnemental via un moindre recours aux intrants, tout en répondant aux contraintes de fabrication fromagère en limitant le creux de production de lait estival. A l’issue de cette phase de diagnostics, les éleveurs ont exprimé un besoin de solutions techniques pour cultiver, conserver et faire pâturer des fourrages résistants à la sécheresse, productifs et riches en protéine. Les prairies temporaires associant graminées et légumineuses, ou prairies multi-espèces, répondent justement à ces problématiques : elles permettent une économie de fertilisation azotée, une production mieux répartie sur l’année, une valeur alimentaire plus équilibrée, une adaptation à l’hétérogénéité des sols et aux évolutions du climat (Protin et al. 2014). Cependant, elles restent peu cultivées par les éleveurs AOP, car elles requièrent de la technicité, et peu de références locales sont disponibles. Ainsi, pour proposer des solutions concrètes et faire valoir les avantages des prairies multi-espèces auprès des éleveurs de la filière, l’Union des producteurs a répondu, en 2013, à l’appel à projet CASDAR – Mobilisation collective pour l’agro-écologie, ayant conduit à la création d’un Groupement d’Intérêt Economique et Environnemental (GIEE) et en 2017, le projet a été financé par l’Agence de l’eau.
Le projet, qui a débuté en Avril 2014 et dont les financements prendront fin en Avril 2017, s’articule autour de 4 axes :
  1. Capitaliser sur les expériences locales,
  2. Mettre en place des essais de prairies multi-espèces dans les exploitations volontaires,
  3. Proposer un accompagnement technique sur le pâturage et la récolte de fourrages,
  4. Communiquer sur la démarche et les résultats.
 
Au total, 18 éleveurs se sont mobilisés autour de ce projet, en participant aux formations techniques proposées ainsi qu’à la journée de voyage d’étude en Pays de la Loire.
15 exploitations ont semé des essais permettant de comparer des mélanges multi-espèces à la prairie d’association commune Ray-Grass Anglais / Trèfle Blanc (RGA – TB).
L’objectif est de déterminer si les mélanges semés sont plus productifs que la prairie d’association, s’ils permettent une meilleure réponse en lait du troupeau, et s’ils se maintiennent dans le temps (robustesse).
Depuis l’automne 2014, 36 prairies ont été semées et suivies sur les périodes estivales en 2015 puis en 2016. 2 ans après les premiers semis, les résultats sont encourageants. La plupart des mélanges se sont bien implantés. Après un printemps 2016 dont les conditions climatiques ont été favorables à la pousse de l’herbe, les fourrages obtenus sur les 2 premiers cycles estivaux (Fin Juin / Fin Juillet) sont comparables à ceux des prairies témoins en termes de qualité et de rendement. En outre, les éleveurs impliqués sont tous satisfaits des résultats des prairies semées, et ont exprimé la volonté d’augmenter leur part dans leur assolement. Ces résultats, parfois sensiblement différents d’une exploitation à une autre, permettent également d’animer le débat, au sein du groupe, sur les différences de pratiques autour des prairies : précédant cultural, méthode de semis, gestion du pâturage sont autant de facteurs pouvant influencer leur équilibre, leur qualité et leur productivité.
Les effets positifs des prairies multi-espèces ayant été principalement montrés dans des conditions climatiques plus limitantes et sur plusieurs années, seul un suivi pluriannuel peut s’avérer suffisamment robuste pour mettre en évidence des écarts de comportements entre les mélanges testés et les prairies témoins. L’objectif du projet est donc d’étudier l’équilibre des prairies sur toute leur durée de production. A ce titre, l’Union des producteurs souhaite faire vivre ce projet jusqu’en 2020 en répondant, en 2017, à un appel à projet financé par le FEADER (Mise en œuvre et développement de coopérations). La mise en place de prairies multi-espèces ne se substituant pas à une gestion précise et efficace du pâturage par les éleveurs, l’objectif est de centrer le projet autour du partage d’expériences entre éleveurs, en proposant plusieurs rendez-vous techniques sur la thématique du pâturage, animés par la Chambre d’Agriculture de l’Orne et en maintenant le suivi des essais mis en place sur un nombre restreint d’exploitations, permettant un suivi plus efficace sur la période estivale.
La finalité de ce projet est de capitaliser suffisamment d’expériences locales pour créer un guide des prairies normandes et d’implantation des prairies multi-espèces et de pouvoir diffuser de manière plus large nos résultats obtenus. Cette action permettra de renforcer l’autonomie des éleveurs et le lien entre les éleveurs.
Objectifs :
  • Axe 1 : Capitaliser sur les expériences locales. Trouver des solutions techniques pour cultiver, conserver et faire pâturer des fourrages résistants à la sécheresse, productifs et riches en protéine. Proposer des solutions concrètes et faire valoir les avantages des prairies multi-espèces auprès des éleveurs de la filière. Favoriser la mise en place et le développement de systèmes herbagers. L’objectif du projet est d’étudier l’équilibre des prairies sur toute leur durée de production. Capitalisation via des fiches synthèse sur les prairies multi-espèces (implantation, récolte et gestion).
  • Axe 2 : Mettre en place des essais de prairies multi-espèces dans les exploitations volontaires. Suivis précis de parcelle durant toute la saison estivale de pâturage, mesure herbomètre, analyse des fourrages et des pâtures, calendrier de pâturage.
  • Axe 3 : Proposer un accompagnement technique sur le pâturage et la récolte des fourrages. L’objectif est de centrer le projet autour du partage d’expériences entre éleveurs, en proposant plusieurs rendez-vous techniques sur la thématique du pâturage, permettant aux éleveurs d’échanger aux moments clés de la période de pâturage sur leurs pratiques et leurs décisions et d’avoir l’occasion de faire un bilan de la saison.
  • Axe 4 : Communiquer sur la démarche et les résultats. Diffusion des connaissances acquises sur les solutions techniques en matière de gestion et d’implantation des prairies multi-espèces par une valorisation organisée à l’échelle régionale impliquant tous les partenaires du projet et via des outils de communication et de transfert innovants permettant une mobilisation de tous.

   

Présentée par :

Union des producteurs de lait en AOP Camembert de Normandie, Pont l'évêque et Livarot